Peut-être parlez-vous déjà une langue étrangère en plus de votre langue maternelle et vous êtes certainement impressionné en vous demandant comment font les gens pour apprendre deux, trois, quatre ou davantage de langues.

Comment parler une langue étrangère ou plusieurs - Patrick Lemarié Consulting

Luca Lampariello polyglotte confirmé

Apprendre une langue rapidement – oui, mais comment ?

En fait parler deux, trois ou quatre langues étrangères relève davantage d’une méthode et d’une bonne approche que d’un exercice contraignant et rébarbatif. Luca Lampariello, de langue maternelle italienne, a accordé plusieurs entretiens à des journalistes et donne régulièrement des conseils sur sa chaine Youtube.

Dans plusieurs de ses entretiens, le polyglotte et célèbre blogueur italien Luca Lampariello, explique en détails le procédé, qui relève davantage d’une stratégie basée sur le pragmatisme.

Il s’exprime très bien dans plusieurs langues. Il a appris treize langues, y compris le russe et le japonais, qu’il considère comme l’une des plus difficiles. Son approche à l’égard des langues est ludique et pragmatique, c’est ce qui explique fondamentalement ses capacités d’acquisition et de maitrise des différentes langues qu’il a apprises. Son enthousiasme est communicatif et l’on comprend bien qu’il a vraiment envie de faire partager au plus grand nombre ce qu’il a identifié comme efficace en termes d’apprentissage des langues.

Combien de temps faut-il vraiment pour apprendre une langue et être opérationnel ?

Selon Luca, communiquer facilement de façon basique en n’importe quelle langue requiert seulement quelques heures, ce que confirme sa propre expérience:

«J’ai moi-même fait une expérience en cherchant à parler le roumain après une heure, et ce n’est pas si difficile que ça, mais bien sur ça ne signifie pas vraiment parler une langue couramment. Donc la communication de base requiert seulement quelques heures.»

https://www.youtube.com/watch?v=CNScWReYGoo

Donc, si l’on a pour objectif de parler couramment, cela prendra bien sûr plus de temps, entre deux et trois ans, tandis que pour parler comme un locuteur natif il en faudra encore plus. Mais il existe tout de même des facteurs objectifs et subjectifs qui peuvent faciliter ou compliquer l’apprentissage d’une langue étrangère.

Le facteur objectif est «la distance entre notre propre langue maternelle et notre langue-cible ». Luca est italien et pour lui le fait d’apprendre le français ou l’espagnol est plus facile que pour un Chinois». C’est aussi l’opinion du regretté Georges Kersaudy, polyglote, ancien fonctionnaire international, né au Havre en 1921, que j’avais rencontré au Havre en 2001 lors de la Semaine Européenne des Langues. Dans son livre « Langues sans frontières, à la découverte des langues de l’Europe » il explique qu’il faut apprendre les langues par tronc linguistique afin de mémoriser et de comprendre plus facilement les langues qui sont associées à un tronc commun. Sa méthode consiste à identifier les racines communes et les structures qui constituent le socle des langues. Cette méthode lui a réussi puisqu’il parlait une cinquantaine de langues quand il était encore de ce monde. J’ai pu le vérifier pour au moins une dizaine, quand à l’Université du Havre, pendant la conférence plusieurs professeurs lui ont posé des questions en plusieurs langues. Quand Monsieur Kersaudy a confié qu’il avait appris plusieurs langues en autoapprentissage avec les Méthodes ASSIMIL, et en pratiquant sur place à l’occasion de ses multiples affectations dans le monde, certains universitaires présents dans l’assistance ont exprimé plus ou moins leur étonnement. Peu importe la méthode, à mon avis il faut identifier ce qui est efficace et savoir sortir de la matrice !

Dédicace Georges Kersaudy 2001 Le Havre Patrick Lemarié Consulting

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Kersaudy

Luca, quant à lui, propose sur son blog des articles  de fond sur les astuces d’apprentissage. Le facteur subjectif concerne, lui, la personne elle-même avec ses propres capacités et son expérience d’apprentissage. Pour donner un exemple, le polyglotte explique qu’un Italien désirant apprendre le chinois, sans expérience de l’apprentissage des langues et sans connaissances chinoises va passer entre deux et cinq ans pour commencer à parler cette langue couramment.

«Tandis qu’une personne qui a déjà une expérience en langues, qui a déjà appris une langue exotique ou similaire au chinois, qui habite en Chine, et a l’occasion de pratiquer avec des chinois, apprendra beaucoup plus vite.

Conseils pour apprendre une langue rapidement et efficacement

L’éventail linguistique de Luca est impressionnant: il parle l’anglais, le français, l’allemand, l’espagnol, le néerlandais, le suédois, le russe, le chinois (mandarin), le portugais, le polonais, le japonais, le hongrois et est en train d’apprendre aussi le grec.

Quels conseils précis peut-il donner à ceux qui souhaitent apprendre une langue de façon très rapide et efficace?

Son propre style d’apprentissage est la traduction bidirectionnelle dont il parle sur son site, mais les techniques doivent être flexibles et adaptées aux particularités de la langue concrète et des objectifs du moment. Globalement, ses conseils sont toujours les mêmes quelle que soit la vitesse avec laquelle on apprend une langue, mais en général, pour un apprentissage intensif il faut mettre en œuvre une stratégie plus élaborée.

Il faut se fixer un objectif et un programme réalistes qui comprendra au moins deux ou trois heures par jour d’apprentissage si l’on désire obtenir des résultats assez rapides. Par contre il ne faut pas étudier deux ou trois heures de façon consécutive. Il est préférable de se fixer des plages de 25 à 30 minutes», ce qui permettra de maintenir la concentration au niveau nécessaire sans créer de lassitude entrainant l’abandon des meilleures intentions.

https://www.youtube.com/watch?v=13zs5yzA-w4

Ensuite, il serait bien de trouver un interlocuteur pour pratiquer la langue. De même, pour apprendre de façon globale, il faudra se consacrer à la lecture, l’écoute, au l’expression écrite et orale. Ce sont selon Luca des activités complémentaires qui doivent être variées.

Ce qu’il ne faut pas faire :

Luca évoque les choses à ne jamais faire qui peuvent nuire à un apprentissage efficace et rapide.

«Tout d’abord, il faut (c’est le conseil le plus important): commencer toujours avec des raisons que j’appelle intrinsèques ou intérieures et ne pas commencer avec des raisons extrinsèques ou extérieures», insiste-t-il.

Les raisons intérieures sont plus fortes que les raisons extérieures, comme la «mode» d’apprendre telle ou telle langue. Il faut être profondément conscient des raisons précises qui motivent l’apprentissage:

  • communiquer avec quelqu’un,
  • faciliter la vie dans un pays
  • apprécier la littérature étrangère.

«Ça doit être quelque chose qui te pousse en avant parce que sinon tu ne vas pas continuer, tu vas faire quelque chose à court terme mais après à terme ça ne va pas aller.»

De plus, il faut absolument rédiger un programme pour savoir ce que l’on va faire et pendant combien de temps et à quel moment. Il faut avoir des raisons très fortes et il faut avoir un objectif planifié, c’est-à-dire qu’à partir de maintenant je sais exactement ce qu’il faut faire et combien de temps je vais consacrer à cette étude.

Pour résumer les 5 conseils de base de Luca Lampariello :

  • Ne pas mémoriser les mots sans en comprendre le sens
  • Ne pas apprendre des mots qui ne nous servent pas
  • Ne pas apprendre des mots hors de leur contexte
  • Ne pas laisser de côté les mots sans les utiliser
  • Ne pas oublier de noter immédiatement les mots sur un support (papier ou ordinateur).
Comment maitriser plusieurs langues Les problèmes à éviter Patrick Lemarié Consulting

et c’est uniquement une petite liste des problèmes que les gens rencontrent habituellement

Premièrement, on ne doit pas attendre des années pour parler. Comme le disent les allemands « Übung macht den Meister » c’est l’exercice qui fait le maitre. Les français disent « c’est en forgeant que l’on devient forgeron ».

Deuxièmement, il a des gens qui se disent: je vais parler quand je serai prêt. Le bon moment c’est maintenant. Renoncer à la perfection en tendant vers elle est peut-être une des meilleures stratégies. C’est ce que je pense en tant que traducteur interprète.

Je pense également que dans tout apprentissage il doit y avoir une part de plaisir. C’est ce qu’affirme Idriss Aberkane quand il parle des apprentissages en général. Apprendre l’anglais en chantant des chansons de bons auteurs (les Beatles, Elton John, Phil Collins, Lionel Ritchie …), en étudiant le sens des paroles tout en prononçant les mots comme l’artiste, par effet de mimétisme, est tout aussi efficace, au moins dans un premier temps ; plutôt que de s’imposer l’étude des œuvres de Shakespeare, même si l’intérêt pour cet auteur peut se manifester ensuite.

A consulter aussi en complément de l’article ci-dessus, notre article sur  La Traduction au-delà des mots

Sources consultées pour la rédaction de l’article:

The 5 Biggest Mistakes When Learning Vocabulary – Luca Lampariello

How to read if you want to improve your foreign languages – Luca Lampariello

Ekaterina Yanson  sputniknews.com

Henriette Walter « l’Aventure des Langues en Occident »

Georges Kersaudy chez Autrement Frontières “Langues sans frontières, à la découverte des langues en Europe »


PATRICKLEMARIE

Consultant en Management International. traducteur interprète, Professeur Associé. Consultant in International Management. French online teacher. Translator. Interpreter. Associate professor.

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